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Le monde de Beñat/Beñaten mondua

Pourquoi laisser perdre les idées qui nous passent par la tête. Un moment de repos et notre imagination se met en route. Des images furtives du passé et du présent défilent associées à des gens ou à des actions, bref l’imaginaire est là. J’aimerai vous faire partager sur ce blog mes nouvelles, textes et articles. N’hésitez pas à réagir, bonne lecture.

Chasse à la palombe

Chasse à la palombe

Les Paloumayres

L’étonnante fête bleue

Comme chaque année dès le début octobre dans les Landes un très surprenant « mal bleu » sévit curieusement dans les forêts. L’activité économique cesse et tout semble alors au repos. Où diable se cachent donc tous les hommes. S’agit-il d'une soudaine désertification des villages, non, c’est tout simplement la saison de la chasse à la palombe. On appelle traditionnellement cette période « la fête bleue » à cause de la couleur gris bleu des ailes de ces oiseaux.

Les palombières

Elles sont en armature de bois, en fougères et sont cachées au milieu des pins toujours orientées nord, nord-est. Le poste de guet "oueytte" (en gascon) se trouve dans une cabane plus ou moins grande, surélevée par rapport aux autres constructions, assez confortable où sont regroupées toutes les commandes des appeaux. La pièce centrale comprend une cuisinière, une table et des bancs, un placard de rangement pour les ustensiles de cuisine et parfois un poêle à bois pour les froides matinées d'octobre.

Ambiance de chasse

Ce matin François, Pierre et Jean trois chasseurs amis de longue date m’invitent à passer la journée dans leur palombière. En ce début de matinée la première chose à faire c’est d’allumer le petit poêle à bois car l’air est frisquet et humide. Jean prend la garde en premier.  Il se retrouve à guetter l’arrivée éventuelle de vols de palombes. Pendant ce temps ses deux compagnons s’affairent à préparer le café et commentent la journée de chasse d’hier en comparant leur résultat avec les autres chasseurs du village. La veille au soir, ils se sont regroupés au cercle des travailleurs (bistrot local) pour s’informer avant de rentrer chez eux des résultats de la journée et tout cela dans une ambiance festive et comme il se doit un verre à la main. Une petite demi heure après le café est prêt, Jean est appelé par ses deux compagnons pour boire son petit noir dans un verre accompagné bien entendu d’une grosse tombée de gnole (ou plus généralement appelée eau de vie).

La chasse

C’est au tour de François d’être au poste de guet. Il est bientôt rejoint par les deux autres. Jean manœuvre les appeaux (ou appelants) pour attirer les vols de passage. Le but est de les faire se poser d'abord sur les arbres, et ensuite de faire descendre au sol les oiseaux pour les capturer vivants au filet. Il roucoule de temps en temps pour imiter le cri des palombes. Pour le moment rien n’y fait, le ciel reste désespérément vide.

Festivités

Vers dix heures, François s’exclame ! C’est l’heure du casse croûte. Ils redescendent tous vers la table, laissant l’espion, souvent un pigeon domestique placé devant la cabane et à vue des chasseurs pour signaler la présence d'un vol de palombes. Pain, jambon, saucisson et pâté font partie de ce petit repas et comme il se doit les conversations vont bon train, on critique un tel sans véritable méchanceté ou on fait l’éloge d’une personne parce qu’elle est accord avec vous, bref tout va bien.

Vers midi un coup de sifflet retentit pour annoncer la venue de quelqu’un. Jean répond en sifflant à son tour signifiant que la voie est libre. Marie la femme de François arrive avec le repas de midi prêt à être réchauffer. Elle interroge les chasseurs sur le bilan de la matinée. Déçus ils répondent en cœur de façon négative. Cela ne fait rien s’exclame Pierre ! À table maintenant. Après avoir bu l’apéritif, le quarteron s’apprête à consommer le délicieux salmis de palombe préparé par Marie. Le déjeuner se passe dans une atmosphère de fête, comme si c’était noël ou le premier de l’an. En début d’après- midi Marie s’en va tandis que notre trio continue la chasse.

Fin de journée

Malgré quelques passages de palombes, la journée sera infructueuse. Cela ne fait rien, demain, Pierre, Jean et François seront là de nouveau et certainement plus chanceux qu’aujourd’hui. A la saint Luc (le 18 octobre) et comme disent les landais « c’est le grand truc », après cette date, la vie reprendra progressivement dans la région, la fête sera terminée. A l’année prochaine.

 

BL-PB

 

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