Le chocolat noir, l’excitateur des papilles

Voyage au gout de l’extrême plaisir

Austérité, rigueur, nuit, tunnel, mort, isolement, paranoïa…, c’est le noir qui vous vient de suite à l’esprit, mais si vous pensez gourmandise votre visage s’éclaire et vous frémissez de plaisir au seul nom du chocolat noir à moins que vous ne soyez "chocolatphobe"

Le chocolat est devenu une denrée commune même si, encore, il est le symbole de la fête et l’agitateur de la joie. Il a fallu plusieurs siècles pour qu’il se démocratise. Il fut pendant longtemps consommé d’abord par les rois, les nobles et les riches, les pauvres n’ayant pas droit à ce privilège.

Des peuples et des légendes

Bien avant le chocolat, il y a le cacao issu des fèves des cabosses, les fruits du cacaoyer un arbre dont la  hauteur varie de 4 à 10 m. Le nom scientifique du cacaoyer est le théobrama cacao ce qui signifie en grec « nourriture des dieux ». 

Tout commence dans le Yucatan (Mexique). Les Mayas sont les premiers à le cultiver et ils attribuent à la boisson appelée Xocoatl issue du cacao une vertu religieuse. Ils utilisent les fèves des cabosses comme monnaie d’échange pour de la nourriture et des vêtements. Les Toltèques envahissent les terres mayas, leur capitale est Tula. A l’extérieur de la ville s’étend le jardin des merveilles, Topiltzin Quetzalcóatl, roi et prêtre légendaire dont l’emblème et le serpent à plumes vertes et dorées est le jardinier de ce paradis. Il cultive le cacahuaquahuitl (cacaoyer). Il cueille les fleurs pour les dieux et les fruits pour nourrir les hommes.

Souhaitant devenir un dieu à son tour  il demande à un sorcier de lui préparer une boisson qui doit lui donner l’immortalité, mais le breuvage a des effets le poussant au délire. Il part sur un radeau de serpents en annonçant son retour lors d’une année placée sous le signe du roseau (Ce-acatl).

Les Toltèques sont vaincus par les Aztèques qui assimilent nombre de leurs coutumes et la façon d’obtenir le  Xocoatl appelée par eux chocolatl (eau amère) d’où le mot chocolat.

Le chocolat maya

Cacao et conquistadores

En 1502, Christophe Colomb à son arrivée sur l’ile de Guanaja reçoit des Aztèques des fèves de cacao et goûte leur boisson sacrée dont il n’apprécie pas du tout l’amertume. Il est venu chercher de l’or et non pas des fèves auxquelles il n’accorde aucune importance.

En 1519, Herman Cortès débarque sur  la côte de Tabasco pendant l’année du roseau l’empereur Aztèque Montezuma et son peuple voient en lui le dieu roi Quetzalcóatl revenant du soleil levant ainsi que l’annonce la légende. Il lui offre une coupe de Xocoatl boisson des dignitaires que Cortès et ses hommes trouvent très amer. Cortès saisit rapidement la grande valeur du cacao. Il développe la culture des cacaoyers et améliore la recette du Xocoatl en ajoutant du sucre de canne et autres ingrédients pour le rendre moins amer, le chocolat est né.

À la conquête de l’Europe

Cortès rentre en Espagne en 1527 avec des fèves de cacao et l’introduit à la cour de Charles Quint. Le chocolat séduit la cour, dès lors la boisson est très recherchée par les aristocrates et le clergé. En 1606, Antonio Carletti importe le précieux breuvage en Italie. Il entre en France par l’intermédiaire des juifs espagnols et portugais en 1609 fuyant l’inquisition et s’installant à Bayonne. La cour de France le découvre en 1615, avec l’union de Louis XIII et d’Anne d’Autriche. C’est Louis XIV marié à l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche qui l’amène à Versailles. Il autorise David Chaillou, à ouvrir en 1671 la première boutique de chocolat à boire de Paris. C’est en 1674 à Londres qu’est commercialisé le chocolat à croquer sous le nom de  "boudins à l’espagnole"

Du célèbre slogan de mon enfance "le petit déjeuner familial Banania" aux noms de Suchard et Kohler les suisses, Van Houten le Hollandais, Pietro Ferrero le célèbre inventeur du Nutella et tous les chocolatiers de la planète, le chocolat cet euphorisant sera toujours objet de gourmandise et de satisfaction.

Beñat Lasserre