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Le monde de Beñat/Beñaten mondua

Pourquoi laisser perdre les idées qui nous passent par la tête. Un moment de repos et notre imagination se met en route. Des images furtives du passé et du présent défilent associées à des gens ou à des actions, bref l’imaginaire est là. J’aimerai vous faire partager sur ce blog mes nouvelles, textes et articles. N’hésitez pas à réagir, bonne lecture.

La fête basque au cœur de Soule

A consommer avec modération.

Les fêtes au Pays basque sont célèbres et connues dans le monde entier, celles de Bayonne et Pampelune sont parmi les plus connues. Cihigue petit village de la Soule accroché au pied du massif des Arbailles annonce les siennes pour les 13 et 14 septembre.

La fête basque qu’a-t-elle de plus que les autres ? Elle fait partie de l’identité basque, elle y affiche ses particularités notamment par ses chants en langue basque improvisés et rimés dont les mots ont une importance primordiale qui démarrent on ne sait comment à travers des groupes qui se lancent des défis vocaux. Ce qui est frappant c’est l’esprit de fraternité, les villageois montrent l’exemple et accueillent les inconnus comme s’ils les recevaient chez eux. Tout les participants se sentent libérés et rentrent totalement dans l’ambiance.

Préparation

En ce début de matinée de vendredi tout est calme, pas âme qui vive, rien ne laisse supposer que dans quelques heures des centaines de personnes seront là pour bambocher. Le cyclone festif est en gestation. Tout à coup des véhicules arrivent de partout, des jeunes en sortent en parlant et gesticulant. Ils se dirigent vers du matériel entreposé dans une prairie, haut lieu des festivités, choisie pour sa surface relativement plate. Là dans une activité gestuelle, les tentes et autres équipements sont montés en un temps record. Ce qui n’était qu’un pré devient un champ de foire prêt à l’emploi puis, comme ils étaient venus, ils repartent ne laissant qu’un endroit vide de toute vie.

Début de soirée

Le reste de la journée se passe calmement, il est 19 heures toujours pas d’animation. Txomin et Marie-Claude en vacances au village se rendent sur les lieux des réjouissances, quelques personnes sont là, ils s’approchent, ce sont les animateurs de la soirée, il y a Patrick, Junes Aploborro et Philippe. Ils sont déjà accoudés au comptoir de la buvette, ils nous interpellent bruyamment puis nous tendent un verre de bière, nous ne pouvont qu’accepter car rien de plus vexant que de dire non, ce serait presque une insulte. Pendant ce temps l’orchestre finit d’installer son matériel et procède aux réglages sonores. Nous repartons et décidons de revenir un peu plus tard. Vers 21 heures tout s’active enfin, les premiers voisins sont là, pour le moment le faible brouhaha indique que les hostilités ne sont pas encore totalement commencées. Txomin profite de ce moment d’avant tempête pour admirer ce paysage immuable qui l’entoure. Le ciel est clair et limpide, transparent. En cette fin de journée il ne peut s’empêcher de s’extasier sur la beauté de la nature. Derrière lui la Madeleine, son sommet conique lui donne l’air d’un volcan. Comme elle a l’air fier, elle trône comme une reine et semble dominer tous ses sujets. Elle pointe son regard vers l’Olympe de la Soule le pic d’Anie et le pic d’Orhy les montagnes sacrées des Basques. Plus loin elle voudrait percer l’horizon pour découvrir son royaume hispanique mais elle en est bien trop loin. Dans le même axe, un arbre frémit en captant le peu de vent qui vient le caresser. Il semble minuscule en rapport des paysages qui l’entourent. Au loin le contraste des couleurs est parfait, les verts resplendissants et dominants accentuent le bleu du ciel qui ne veut pas rester à la traîne malgré l’arrivée du crépuscule qui va le croquer. Sur le côté, vers l’ouest, le soleil qui va disparaître derrière la montagne donne un dernier coup d’éclat pour embellir de sa lumière l’immense spectacle de la nature.

La fête basque au cœur de SouleLa fête basque au cœur de Soule

Jusqu’au bout de la nuit

En contrebas il aperçoit sur la route sinueuse des dizaines de véhicules venant tous phares allumés apportant leurs flots de fêtards pressés de venir s’amuser et de s’enivrer. En une demi-heure tous les acteurs sont pratiquement arrivés. Pour le moment ils tournent autour de l’immense bar en fer à cheval dressé pour l’occasion. Petit à petit des petits groupes se forment et un verre d’alcool à la main les discussions vont bon train. L’orchestre à la fois rock et chants traditionnels basque jusqu’à maintenant assez discret se met à jouer beaucoup plus fort, ce qui a pour conséquence de pousser la foule à parler de plus en plus haut. Le bruit devient vite insupportable, les gens s’apostrophent de loin en loin, ils ne comprennent probablement pas mais cela ne fait rien, ils continuent quand même à se héler. Si cela leur semble de plus grande importance, ils se déplacent bousculant les autres accrochés au comptoir de peur de perdre leur place. À l’intérieur de l’anneau à breuvage, les bénévoles chargés de la boisson s’activent, ils servent sans répit les nombreuses boissons qui leurs sont commandées. Quelques uns, essentiellement la gente féminine, osent commander des jus de fruit ou des eaux gazeuses, ce seront peu être les chauffeurs du retour, la prudence serait-elle de rigueur au Pays basque ? Ou tout simplement est ce la peur du gendarme.

Jusqu’à maintenant seule la parole et la musique étaient la seule source de bruit mais tout à coup quelques personnes commencent à entonner un chant qui s’amplifie et au fur et à mesure que le nombre de participants cela devient une chorale qui s’auto régénère au gré des diverses chansons. Le ton monte et descend pour s’arrêter quelques fois brutalement. Quelques moments de silence et tout recommence.Txomin essaie de faire le tour du bar et de rencontrer des amis, il retrouve Philippe et Junes en pleine conversation, il est là depuis quelques secondes avec eux et comme il se doit, ils lui offrent un verre, il est obligé d’accepter pour ne pas les vexer. Après quelques banalités échangées, il profite qu’ils ne s’occupent plus de lui pour s’éclipser en abandonnant son verre presque vide. Il poursuit son parcours et les situations se répètent, lorsque qu’il a terminé sa petite balade, il se dit qu’il était temps qu’il s’arrête, il a mal à la tête. Heureusement à près de minuit un des organisateurs crie à table, ceux qui n’ont pas de tickets c’est le moment d’en acheter.

Le repas

Après un dernier coup à boire pour certains, tout le monde se précipite vers les tables, ils ont l’air affamés. Les réflexes suffisamment diminués empêchent Txomin par manque de rapidité de trouver une place. Ils sont quelques uns ainsi inquiets de se retrouver dans cette situation. Heureusement une solution est envisagée, on leur propose d’aller manger dans une ancienne étable à proximité où leur sera servi le repas. Ils sont une dizaine tout au plus parmi ceux là, Jean Luc et Eramun deux vieilles connaissances de Txomin. Dans la grange ils trouvent des tréteaux et des planches et ils dressent une table improvisée. Deux jeunes filles viennent effectivement après un quart d’heure d’attente leur porter couverts, verres et boissons. Le hors d’œuvre, chose classique dans ce genre de repas c’est de la salade landaise, servie dans une superbe assiette en plastique. Txomin est assis en face d’Eramun et sans lui avoir demandé il lui sert un plein verre de vin rosé dont la provenance espagnole ne fait aucun doute. Aie, aie la tête, les conversations s’enchaînent, ils ont presque oublié leur déplacement, le plat suivant c’est du mouton issu d’un soi-disant méchoui il est froid et difficile à reconnaître au niveau du goût, peu importe ils mangent et surtout ils continuent à boire.

Il est près de trois heures du matin lorsque se termine le repas. Txomin se lève plutôt difficilement et à l’extérieur il prend un bol d’air qui le ravive. Il revient vers le lieu de réjouissances, il y a toujours du monde, sur la piste devant l’orchestre quelques filles dansent entre elles en attendant le bon vouloir de ces messieurs qui continent à chanter entre eux indifférents aux morceaux joués. Il en a marre, il part se coucher, quelle nuit, il pense au lendemain ça va être dur ?

L’aubade *

Le dimanche matin, le réveil est plutôt laborieux, le mal de tête est omniprésent, il le suit partout, c’est le destin de ceux qui exagèrent. La fin de matinée risque d’être difficile pas pour lui, mais pour les jeunes qui vont passer dans chaque maison enfin ceux qui le veulent bien pour donner l’aubade. Il s’agit en avec deux ou trois musiciens de danser et chanter, en contre partie on leur sert à boire et on leur donne quelques euros.

* concert donné à l’aube devant une maison d’une personne à qui on veut faire honneur.

La fête n’est pas encore finie, elle continuera toute la journée et la soirée, mais excusez-le il ne pourra pas la suivre il lui faut repartir sur Bordeaux.

 

Beñat Lasserre

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